samedi 19 mai 2012

L'annonce ou je connais quelqu'un

10 mai, j'écris :

J’ai un cancer du sein.
J’ai gardé cette nouvelle pour moi, plus d’un mois et demi…ne pas leur dire, c'était aussi ne pas l'accepter.
Mais il fallait maintenant passer à l’ANNONCE.
L’annonce, à mon homme, c’était  la plus rapide, dans la foulée du coup de massue, celle que j’ai crié d’horreur, soutiens moi, je chute…et il était là , avec son filet et sa belle présence.
L’annonce à mes  enfants si difficile, si reportée,  si inenvisageable, imaginer partir alors qu'ils sont si jeunes, et leur dire.. que peut être…Mais aussi tant d'amour, tant de calins, tant de nouveaux rapports ensuite. Et puis quelle liberté pour moi lorsqu'ils l'ont enfin su.

L’annonce aux amies embauchés d’office comme garde raprochée, j’ai conscience de leur pas avoir donné le choix, mais je ne demandais jamais d’aide et là je savais que le combat nécessitait de bonne guèrieres expérimentées , elles ont accepté. A chaque fois, j'avais la gorge nouée, je ne pouvais m'empècher d'être submergée par les pleurs.

Pour la famille et les collègues…
Des  moment lourds qui me mettent  toujours en balance émotionnelle.
Prête à chavirer, la lame de fond prend tout sur son passage.
Il me faut annoncer ma maladie, ma honte, ma niaque apparente, ma faiblesse, mon piédestal cassé.
Une peur viscèrale de leur regard. Toujours peur d’être emmurée vivante dans cette maladie.
Et la bataille me semble parfois plus là que dans les milieurs hospitaliers. Se préserver de ces regards, de cette compassion mieleuse, ces intentions, ces regards intéressés pour mettre à distance ce cancer que l'autre a et que moi je n'ai pas, les regards ici Paris, le scoop du quartier.
Parfois je me demande aussi si ils ont vrais ces regards ou si c’est plutôt  mes peurs que je transfert.

Bon pourtant parfois …..j’annonce et viens……Une RÉPONSE
« Je connais, je connais.... une amie, une collègue, une sœur, une grand mère, une caissière, une centenaire,une manutentionaire,  une légionnaire qui ont eu un cancer du sein ..
Et aujourd’hui elles sont très bien » Après il ou elle raconte le parcours, l’ ablation , la chimio de la parfaite inconnue que je ne verrai  jamais de ma vie…

Mais que ce que je m’en tape !!!

Je  venais juste parler de moi. 
Ma sœur  Odile. Elle est géniale.
Elle me dit :
« Il n’y a que toi qui sait.. » 
C’est une superbe  sœur, elle me laisse ma place, je suis pas un cancer du sein, je suis pomme, une femme qui est une. Sa petite sœur.
Une femme singulière.
Nous parlons de notre famille, de ce qui était devenu secret et se parle aujourd’hui. Ma triste et culpabilisante histoire de vie et de mourir de ma mère.

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