10 mai, j'écris :
J’ai un cancer du sein.
J’ai gardé cette nouvelle pour moi, plus d’un mois et demi…ne pas leur dire, c'était aussi ne pas l'accepter.
Mais il fallait maintenant passer à l’ANNONCE.
L’annonce, à mon homme, c’était la plus rapide, dans la foulée du coup de massue, celle que j’ai crié
d’horreur, soutiens moi, je chute…et il était là , avec son filet et sa belle
présence.
L’annonce à mes
enfants si difficile, si reportée, si
inenvisageable, imaginer partir alors qu'ils sont si jeunes, et leur dire.. que peut être…Mais aussi tant d'amour, tant de calins, tant de nouveaux rapports ensuite. Et puis quelle liberté pour moi lorsqu'ils l'ont enfin su.
L’annonce aux amies embauchés d’office comme garde
raprochée, j’ai conscience de leur pas avoir donné le choix, mais je ne demandais
jamais d’aide et là je savais que le combat nécessitait de bonne guèrieres
expérimentées , elles ont accepté. A chaque fois, j'avais la gorge nouée, je ne pouvais m'empècher d'être submergée par les pleurs.
Pour la famille et les collègues…
Des moment lourds qui
me mettent toujours en balance
émotionnelle.
Prête à chavirer, la lame de fond prend tout sur son passage.
Il me faut annoncer ma maladie, ma honte, ma niaque apparente, ma faiblesse, mon piédestal cassé.
Une peur viscèrale de leur regard. Toujours peur d’être emmurée vivante dans cette maladie.
Et la bataille me semble parfois plus là que dans les
milieurs hospitaliers. Se préserver de ces regards, de cette compassion mieleuse,
ces intentions, ces regards intéressés pour mettre à distance ce cancer que l'autre a et que moi je n'ai pas, les regards ici Paris, le scoop du quartier.
Parfois je
me demande aussi si ils ont vrais ces regards ou si c’est plutôt mes peurs que je
transfert.
Bon pourtant parfois …..j’annonce et
viens……Une RÉPONSE
« Je connais, je connais.... une amie, une collègue, une sœur, une
grand mère, une caissière, une centenaire,une manutentionaire, une légionnaire qui ont eu un cancer du sein
..
Et aujourd’hui elles sont très bien » Après il ou elle
raconte le parcours, l’ ablation , la chimio de la parfaite inconnue que je ne
verrai jamais de ma vie…
Mais
que ce que je m’en tape !!!
Je venais juste
parler de moi.
Ma sœur Odile. Elle est
géniale.
Elle me dit :
« Il n’y a que toi qui sait.. »
C’est une superbe
sœur, elle me laisse ma place, je suis pas un cancer du sein, je suis
pomme, une femme qui est une. Sa petite sœur.
Une femme singulière.
Nous parlons de notre famille, de ce qui était devenu secret
et se parle aujourd’hui. Ma triste et culpabilisante histoire de vie et de mourir de ma mère.