mardi 17 juillet 2012

Sortir des placards


J'ai deux ans. Petite toute petite. J'ai énervée ma mère. Elle m'enferme dans le placard à balais.Il y fait noir.
Il y a 16 ans, j'entre dans un nouveau travail, un super poste, prestige, salaire. Je me la pète grave. J'aime ce travail, j'y avance sur de nouveaux projets. J'impulse des actions qui me tiennent à coeur qui lie insertion et pratiques artistiques. Je commence à travailler avec des artistes professionnels.
En 2004, changement de directeur. Je suis "une erreur de casting." Du jour au lendemain, je suis vireé de mon poste.Ma boite mail est vide. Des anciens collègues m' évitent. Pestiférée. Disqualification. Changement de bureau, je me retrouve dans le bureau d'une secrétaire. 3ème étage. J'ai pensé passer par la fenêtre. Honte et mal être . Jusqu’à ce que je reconstruise, un nouveau poste, plus chouette d'ailleurs.
En 2005, je m'investis dans une association de conteuses amateurs. J'impulse, je bouscule. Je prends tous les rôles secrétaire, trésorière. . Je découvre la force du monde associatif.Nous créons un premier festival de contes. Deuxième année, c'est à l'arrache, je suis trop omniprésente, trop directive, trop énergique. Elles en ont marre. Au troisième festival, je fais encore des miennes, je pose que je ne participerai pas. Histoire de bien montrer que sans moi rien n'est possible. La réponse est cinglante. Du jour au lendemain, tous les membres de l'association me rayent de leurs contacts. Je n'aurai plus aucun lien avec elles. Je serai colère , haine pendant quelques années.Jusqu’à ce que je trouve une nouvelle association avec des femmes et des hommes très partageurs où j'ai une présence juste, où les valeurs résonnent bien en moi.
Il y a 4 ans ma mère meurt. Je me sens seule à l'accompagner. Je cacherai à ma famille ma terrible douleur. . Du jour au lendemain, je me suis enfermée toute seule dans le placard de la culpabilisation de n'avoir pas été là jusqu'à son dernier souffle. Jusqu'à ce que je commence à en parler, à en pleurer. Cette année je tente de tricoter tout cela à la lumière du jour.
7 mars, du jour au lendemain j'apprends que j'ai un cancer. Je suis en train de lire un livre de Carole Martinez, le domaine des murmures. L’héroïne y est emmurée vivante. Je vis le cancer comme cela alors, emmurer vivante. Condamner à mourir. Le placard est un cercueil.Jusqu’à ce que j'appelle à l'aide. Pour la première fois de ma vie. Je demande assistance. Je ne garderai pas tout cela pour moi. Le combat est inégal.
Je décide d'enlever l'armure ou du moins d'essayer pour enfin vivre et faire des choix éclairés.

Comprendre..
Ou du moins en parler..sur place publique
"Des niveaux élevés de stress émotionnel , prédisposent à la maladie. Un stress chronique aboutit à la suppression du système immunitaire, ce qui a son tour crée une prédisposition accrue à la maladie, et surtout au cancer."
Guérir envers et contre tout. D Carl Simonton. Edition Desclée de Bouwer. Prêtee dimanche par ma bonne fée Agnés.



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